Publié le 2 mars 2009
Blog Souquières
 

L’article du 7 février relatait les états de services de Marie Sylvain André Souquieres mort pour la France le  8 octobre 1917 à Douamont. Son frère aîné a connu un destin identique lors de la grande guerre. Marie Sylvain et Marie Frédéric sont descendants de la branche A de la généalogie Souquieres.

Marie Frédéric Gabriel Pierre est né le 13 juillet 1879 à Aurillac, il est le fils de Jean Antoine, percepteur des contributions directes et de Marie Louise Jeanne Soulié. Il fait ses études à Paris et entre le 13 octobre 1899 à l’Ecole Polytechnique où il se spécialise dans l’artillerie en intégrant l’école d’application, le 1er octobre 1901 comme sous-lieutenant élève. Le 1er octobre 1903, il est affecté comme lieutenant au 18ème Régiment d’Artillerie. Promu Capitaine le 23 décembre 1911 au 36ème Régiment d’Artillerie, il participe aux violents combats qui ont opposé les Français et les Allemands en Picardie à Canny Matz, fixant la ligne de front. Au cours de ces combats, il est blessé le 1er octobre 1914, à la tête et à l’épaule gauche par un éclat d’obus. Cité à l’ordre de l’armée, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur le 20 octobre 1914. De retour de convalescence, il est affecté au 47ème Régiment d’Infanterie le 20 mars 1915. Ce régiment a été engagé sur le front Oriental aux Dardanelles contre l’empire Ottoman. 

Le front Oriental de la grande guerre 

En cette fin d’année 1914, le front de l’Ouest s’est stabilisé et la guerre de tranchées débute, les armées allemandes intensifient leurs combats contre les Russes sur le front de l’Est. L'empire Ottoman s'allie à la Triple Alliance et entre en guerre le 30 octobre 1915 en attaquant les ports russes de la mer noire, les Britanniques pour soulager son allié Russe, décident d’ouvrir un autre front contre l’empire ottoman et de contrôler l'accès à cette mer. 

De novembre 1914 à février 1915, la flotte franco-britannique bombarde les forts qui contrôlent le détroit des Dardanelles. Pour soutenir ces premiers succès, Londres décide d’envoyer un corps expéditionnaire de 75 000 hommes principalement de nationalité britannique, française, australienne et canadienne. Les alliés débarquent le 24 avril 1915 au cap Helles (Seddul Bahr) après un bombardement inefficace des lignes ennemies. La situation s’enlise, les morts nombreux et les Ottomans retranchés. Les alliés sonnent la retraite, d’autant que la situation dans les balkans s’aggrave. Le corps expéditionnaire est redéployé à l’automne 1915 vers Salonique malgré la neutralité de la Grèce dans le conflit, pour soutenir la Serbie.  Ce front oriental avec ses succès dans les offensives sur les balkans contribua à hâter l’armistice de 1918. 

 
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Blessé aux dardanelles 

Marie Frédéric Souquieres, au commandement de sa batterie d’artillerie est blessé au bas ventre et à la cuisse gauche par 2 éclats d’obus le 15 mai 1915 pendant les combats de Seddul bahr. Il est rapatrié en France et reçoit le 26 août 1915 la croix de guerre. 

Remis de ses blessures et bon pour le service armée, le capitaine Marie Frédéric embarque à Toulon le 23 février 1916 sur le croiseur auxiliaire Provence II pour rejoindre son régiment à Salonique.

La Provence II

Le paquebot transatlantique La Provence est mis à l’eau le 21 mars 1905 à Saint Nazaire, c’est le plus grand paquebot français et le premier à être équipé de la TSF (Télégraphie sans Fil). Son voyage inaugural a lieu le 20 avril 1906 sur la ligne Le Havre-New York. 

Le 2 août 1914, La Provence est réquisitionné, aménagé et transformé en croiseur auxiliaire par l’adjonction de 5 canons de 140 mm, 2 de 57 mm et 4 de 47 mm. Son équipage est de 400 hommes. Un cuirassé portant le même nom, l’amirauté le baptisa Provence II.

A la fin de l’année 1914, il est affecté avec La Lorraine, un autre paquebot transformé, à la surveillance de la Calabre et du détroit de Messine. A partir de janvier 1915, il assure le transport de matériel et de troupes pour le front d’Orient. Le 25 avril 1915, il participe à l’expédition des Dardanelles, en particulier au débarquement à Seddul Bahr et au bombardement des côtes. A partir d’octobre 1915, il est affecté au transport des troupes et du ravitaillement vers Salonique en Grèce.

 
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Le dernier voyage 

Le 23 février 1916, La Provence II quitte Toulon, son port d’attache pour Salonique avec à son bord 2 450 personnes dont 1 655 soldats du 3ème Régiment d’Infanterie Colonial. Après 3 jours de mer, le 26 février, le croiseur est au large du Cap de Matapan (Grèce), le temps est brumeux, le vent de force 4 et la mer fortement houleuse. Le sous-marin U-boat 35, commandé par Lothar von Arnauld de la Périère, patrouille à la recherche d’une proie. Il repère le bâtiment, fait immersion pour une attaque en plongée ; il est au moins à 2 000 m de sa cible. 

Il est 14 heures et 2 minutes 50 secondes après le tir, La Provence II est touché à tribord arrière par une torpille. Après 7 minutes, le navire présente déjà une forte gîte sur tribord et sa poupe est profondément enfoncée dans l'eau. L’ordre d’évacuation a été donné par le Capitaine de Frégate Vesco, commandant du navire. La proue se redresse à la verticale et dix minutes après, La Provence II disparaît. Les rescapés sont recueillis par le navire hôpital français Canada, le torpilleur français Fantassin, l’aviso britannique Marguerite et le torpilleur français Cavalier. Le navire était surchargé et n'avait pas suffisament de brassières et de canots de sauvetage, seul un millier d'hommes a survécu à ce naufrage.

Le croiseur fut cité à l'Ordre de l'Armée :

« Le croiseur auxiliaire Provence II : torpillé le 26 février 1916 en Méditerranée, a disparu avec une partie de son équipage qui a fait preuve, jusqu’au dernier moment, du plus grand courage et du plus grand sang-froid ». 

Le capitaine Marie Frédéric Gabriel Pierre Souquieres, porté disparu, a été officiellement déclaré mort par jugement du tribunal de Cherbourg le 23 août 1917.

Bibliographie :

Bataille des Dardanelles  http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_des_Dardanelles
Les batailles célèbres  http://users.skynet.be/grandes_batailles/pages/0.html
Mémoire de La Provence II - site de olivier gaget http://monsite.wanadoo.fr/Le_Provence_II/index.jhtml
Lothar von Arnauld de la Périère  http://www.histomar.net/arnauld/htm/14-18.htm 

 
GSDS-MC2009
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