Histoire Brève des Fabriques  d’Eglise  
                              La création des Fabriques remonte  aux premiers siècles de la chrétienté, la Fabrique administre le bâtiment de l’église,  entretien inclus. Au IVéme siècle, les revenus de l'église étaient divisés en  quatre parts dont une allait à la Fabrique. D'après le droit canon ancien,  l'administration de cette part était confiée au clergé, sous le contrôle de  l'Évêque. Ce droit ne fût pas toujours respecté, lorsqu'un seigneur fondait une  église/chapelle privée, il se réservait tous les pouvoirs d'administration. A  partir du XIIème siècle, l'usage s'est introduit d'associer des laïcs.   
                              Cette pratique s'étendit des villes  vers les campagnes où des Fabriques furent constituées par des laïcs, souvent  des notables en collaboration avec le curé. Au XVIème siècle, cette évolution  fut consacrée par le Concile de Trente (1545-1563).  La révolution française  les supprima par la loi du 19 août 1791 qui mit les biens ecclésiastiques à la  disposition de la Nation,  excepté les biens des fabriques et par le décret du 13 brumaire an II (3  novembre 1793) qui fit propriété nationale, tous les actifs des  fabriques. 
                              Mais après de violents remous, Les  Fabriques furent rétablies par le Concordat entre le Pape Pie VII et Napoléon  Bonaparte, premier consul. La loi du 18 germinal an X (8 avril 1802) précise «  qu’il sera établi des Fabriques, pour veiller à l’entretien et à la  conservation des temples, à l’administration des aumônes ». Pour leur donner un  patrimoine, le décret du 7 thermidor an IX (26 juillet 1803) décide de « rendre  à leur destination les biens des Fabriques non aliénés ».  Le 9 décembre  1905, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, supprima les Fabriques  définitivement en France, sauf dans les trois départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du  Haut-Rhin où les Fabriques subsistent comme établissements publics. L'Alsace et  la Moselle  n’étant pas françaises au moment de la promulgation de la loi de 1905,  celles-ci ont encore aujourd’hui un statut spécial, dernier héritage du  Concordat, les évêques et les prêtres sont assimilés à des fonctionnaires et  l'entretien des bâtiments payés par l'État. Les Fabriques subsistent également  en Belgique et au Québec.  
              Fonctionnement d’une Fabrique  
                              La Fabrique est l'établissement qui représente et administre les  intérêts temporels d'une église publique, qui peut acquérir, aliéner,  administrer les biens. Toute paroisse est dotée d'un conseil de Fabrique, qui  gère tous les biens et revenus de la paroisse. Constructions, réparations et  entretien des églises lui incombent.  
                              Dans les paroisses, le conseil de  Fabrique se compose de 7 à 11 membres. Le curé et le maire après la révolution  sont membres de droit (Ils ne sont pas soumis à l'élection). Avant la  révolution, le Seigneur de la place pouvait y assister comme principal habitant  de la paroisse, sans droit à la présidence.  Les autres membres sont  renouvelables par moitié tous les 3 ans, le dimanche de Quasimodo*. Ils  furent désignés par les paroissiens puis nommés par les membres du conseil  restants.  
                              Les fabriciens sont pris parmi les  “notables”, sont catholiques, domiciliés dans la paroisse. Rien ne s'oppose à  ce qu'un homme qui ne sait ni lire ni écrire, fasse partie d'un conseil de  fabrique. S'il n'arrive pas à apprendre à signer, “la croix traditionnelle  attestera sa présence”.  Les recettes de la Fabrique sont les revenus  des biens immeubles, produit des rentes, location des bancs et chaises de  l’église, produit des quêtes, des troncs, des inhumations, dons et legs.   
                              Les Marguilliers sont nommés  annuellement parmi les membres du conseil de fabrique d'une paroisse. Ils sont  au nombre de trois et composent un bureau sous le titre de président,  secrétaire et trésorier ; les marguilliers sont chargés de dresser le budget de  la fabrique, de préparer les affaires qui doivent être portées au conseil,  d'exécuter ses délibérations et de diriger l'administration journalière du temporel  de la paroisse.   
                              Au-delà de la gestion matérielle,  le Conseil de Fabrique assure de son soutien la vie de l'église du diocèse et  celle des diverses équipes paroissiales. Toute gestion doit être transparente  et soumise à contrôle. La vérification des comptes se fait annuellement par  l’Evêché.  
                              Note * : Quasimodo est  une fête religieuse, nommée d'après les premiers mots latins quasi et modo, qui  commencent la messe de ce jour, le premier dimanche après les Pâques  chrétiennes (Quasi modo geniti infantes… : « comme des enfants nouveau-nés… »).  La fête est aussi appelée in Albis (en blanc), car les néophytes, adultes  baptisés durant la vigie Pascale, participent à la messe en revêtant  traditionnellement une aube blanche..  
              La Fabrique de Marcolès  
                              Quelques résumés de documents  relatant la vie de la   Fabrique ;  
              10 août 1783, réunion extraordinaire de la Fabrique devant le  conseil et d’autres témoins de la paroisse convoqués au son de la cloche à  l’issue de la grande messe. Sieur Jean Pierre Courbaise, avocat au parlement et  Sieur Pierre Maubo marchand, qui avait été chargés de la fabrique de Marcolès  par acte devant Me Labertrandie notaire le 27 octobre 1772, demandent à être  déchargé de leurs fonctions. Ils restituent devant l’assemblée « les comptes exacts et précis de leur régie et  administration les mêmes qu’ils ont déjà rendu devant Me Teillard vicaire  général de Monseigneur l’Evêque de St Flour et son visiteur de la paroisse  le 25 juillet dernier ». Les recettes consignées dans le livre de  Fabrique se montent à 2   734 livres 14 sols et 9 deniers. Après quittances,  mémoires et ajustements, le reliquat de 580 livres et 20 sols  est remis en espèces sonnantes devant notaire et témoins à Sr Jean Veaux  marchand du village de Moujac et Sr Louis Falissard marchand de Marcolès,  nommés en lieu et place des Sieurs Coubaise et Maubo.  
                              Suit la liste des membres du  conseil et des témoins dont : Me Antoine Madamour docteur en  théologie, curé de ce lieu, Me Astorg Bouissou notaire royal, Sr Pierre Devés  bourgeois du village de Laroque, Pierre Valadou marchand du village de Teulade,  Jean Lantuejoul marchand du village de Mily, Sr François Pichot Maître  chirurgien, Pierre Berchet Maître serrurier, Pierre Gauzou marchand du village  de Blancou, Antoine Lantuejoul du village de la Morethie, Antoine Clary,  Guillaume Souquieres du village du Capello, Joseph Falissard, Jean Puech  ……   
              
              
                
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                    1er janvier 1807, Sieur François Louis de Méallet,  résidant au château du Faulat veut jouir toute sa vie durant d’un banc placé  dans la chapelle Ste Anne, jouissance lui est accordée contre paiement  annuellement de la somme de 6 francs à la Fabrique tant pour lui que son fils Louis de  Méallet.  Le même jour, Sr Guillaume d’Humieres, résidant au château du  Poux obtient la jouissance d’un banc dans la même chapelle contre la même somme  annuelle. 
                    14 juillet 1827, devant Me Chaumont notaire, Jean  Cantournet propriétaire et cultivateur à Lamoretie renouvelle l’acquittement  d’une rente obituaire et annuelle de 9 francs, qu’il veut à perpétuité. A la  sûreté du présent renouvellement, Jean Cantournet soumet à hypothèque son  domaine de Lamoretie composé de maison, grange, prés, terres et  bois. Devant Jean Louis Vidalenc trésorier en exercice, Sr Jean Olivier  docteur en chirurgie et Louis Lacaze.   
                    Dépenses de 1855, nous notons parmi cette  liste : 
                                          17 juin : à Garrouste pour 2  kilos de couleur verte pour la grande porte  4.65 francs 
                                          17 juin : à Piganiol pour 4  journées au toit de l’église et au clocher  8 francs 
                                          28 juin : à l’occasion de la  procession au Fraysse  7 francs 
                                          12 juillet : à Georges Pons  pour travail à la grande porte  1.65 francs 
                                          14 juillet : à Brasquier pour 1.5 litre d’huile pour  délayer la couleur du portail  2.25 francs 
                                          13 octobre : 2 nappes  d’autel   8.40 francs   
                                          25 octobre : au forgeron pour  la ferrure du portail de l’église   179.45 francs   
                                          25 octobre : Huile pour la  lampe  11.45 francs   
                                          Au 25 octobre 1855, le montant des  dépenses de l’année était de 790.90 francs.   
                    8 janvier 1893 : Procès verbal de  l’installation de Monsieur l’abbé Jean Gauzentes, nommé curé de la paroisse par  Monseigneur Jean-Marie François Lamouroux, évêque de Saint Flour. Signé par  l’abbé et les membres du bureau de la Fabrique.   
                    9 avril 1893, dimanche de Quasimodo, le conseil  de la Fabrique  se réunit au presbytère lieu ordinaire des séances, après la grande  messe.  Etaient présents : MMr Théodore Cantournet adjoint, Georges  de Verdelon, Georges Bronner, Alexis Théron, Guillaume Figeac, Philippe  Valadou, Jean Gauzentes curé.  Le conseil procède à l’élection annuelle de  son président et de son secrétaire, puis le bureau des Marguilliers s’est ainsi  constitué : Mr Valadou président, Mr Bronner trésorier et Mr Figeac,  membre sortant réélu et nommé secrétaire.   
                    Le conseil s’est ensuite occupé du  règlement du compte de l’exercice 1892. Les recettes se sont élevées à la somme  de 1 241 francs, les dépenses à la somme de 1 260, d’où un déficit de 19 francs  qui formera le premier article des dépenses de 1894.   
                    Le président soumet le projet de  budget 1894 établi par le bureau des Marguilliers, il porte sur une somme de 1  194 francs discutée article par article et approuvé.  Monsieur le  président propose au conseil de donner enfin satisfaction à la paroisse qui  demande une chapelle en l’honneur de Saint-Martin, patron de l’église de  Marcolès. Grâce à des dons particuliers, elle a pu être réparée et agrandie  l’année dernière. « La population compte  maintenant sur le conseil de Fabrique pour l’achat d’un autel et l’ornement de  la chapelle afin de traiter convenablement les insignes reliques que toutes  églises nous envient … La chasse qui contient les précieuses reliques est  vermoulue et il est urgent de la remplacer ». Le conseil vote à  l’unanimité ces propositions, et autorise le président à faire les démarches  pour demander l’aliénation du titre nominatif de rente française no O.052.234  série V. Il vote pour 3 000 francs en 2 ans pour l’autel, la chasse et  l’embellissement de la chapelle.  Une demande de financement sera faite au  conseil municipal, s’il le vote, les fabriciens leur seraient reconnaissants et  conserveraient le titre. Le conseil vote aussi 50 francs que l’organiste  réclame pour son traitement qui est inscrit au budget.  
                    Les sujets à soumettre à  délibérations étant épuisés, les membres signent après lecture dudit et le  président lève la séance.   
                    En 1902 la contribution des  paroissiens pour la location des chaises de l’église a rapporté 82, 50 francs.  
                    Ces livres de Fabrique comme les  délibérations des conseils municipaux du XIXéme siècle, sont des archives  incontournables pour mieux appréhender et comprendre la vie communautaire de  nos ancêtres. 
                    Bibliographie :  
                                          Les Cahiers de la Fabrique de Marcolès 
                                          L'histoire des fabriques  paroissiales par l'abbé Yvon Marcoux, prêtre et canoniste -  
                    http://www.gaudium-et-spes.net/droit/fabrique.html 
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